Les histoires de Mister Méta .... le Lachens 2008

Lachens 2008, Bike's

Vas-y, tu peux crier, personne ne t'entendra ...
Le monde que tu connais n'existe plus.
Te voici prisonnier des recoins les plus sombres de ta passion.
Te voici, Aux portes du Lachens ...
Stop, qu'es-ce que tu nous fait thierry, tu te prends pour Stephen king, tu te lances dans un remake de Shining, arrète tout de suite tu vas te planter lamentablement, laisse moi faire ...
Coucou, vous me reconnaissez, eh oui, Meta est de retour, le jeudi de l'ascension, c'est mon jour. L'an dernier, mon boss, en panne d'idées, m'avait donné un semblant de vie, une sombre histoire de miracle qui m'aurait secoué les biellettes au petit matin, et depuis plus rien, témoin silencieux de ces balades dominicales, remisé avec un routier tout carbon et fier comme artaban, un peu trop rigide pour moi le garçon ...
Mais aujourd'hui, c'est à mon tour de le sauver d'un naufrage annoncé. Trois ans déjà que Monsieur se retrouve avec ses potes au sommet de cette petite montagne Varoise, pour rejoindre la grande bleue. 100 kms durant lesquelles je vais encore souffrir le martyre. Il y a fort à parier qu'il n'ait retenu aucune des leçons du passé et que la journée qui arrive ne soit qu'une longue succession de dérapages, de sauts et de chocs en tous genres, une véritable partie de plaisirs, dans le feutré et la douceur.
Ce matin, La famille Canondale est au grand complet, Canon-Gé, le grand frère, Canon-Dan, le blagueur et Canon-jeff, le petit dernier. J'aperçois aussi quelques cousins de la famille, Canon-Yves et les jumeaux farceurs, Canon-Fred et Canon-oliv'. Tous sont venus accompagnés d'amis de notre Forum fétiche, VTT83 bien sûr.
- Jeff, c'est une première pour toi, on dirait que tu as les rayons qui claquent, c'est le froid ou le stress,
- un peu des deux mon capitaine ...
- t'inquiètes pas, ça va passer, quelques tours de roues et ça va rouler ...
- Dan, t'as vérifié la pression de tes amortos cette année, fais le plein d'huile, tu m'as tellement fais peine à voir l'an dernier lorsque tu nous as quitté à Mons, l'âme en peine, j'avais envie de chialer ....
- Arrête tes conneries, Méta, tu vas me porter la poisse.
Pauvre de nous, le grand frère a vu 'Bienvenus chez les ch'tis", et nous balance du "Heinnnn", "Comment" et du "ch'tis biloute" en boucle.   
Merde!, qu'est ce qu'elle s'annonce longue cette journée.
C'est parti, la traversée du plateau rendu verdoyant par les grosses pluies d'hier et clic clac kodak, une petite photo pour immortaliser une dernière fois cette mer, si lointaine, prochain rendez vous dans 95 kms. Une belle descente, bien roulante, pour retrouver mes compagnons, mes moyeux frôlent les 60 kms/h, rien de tel pour se chauffer les articulations, par contre je crains un peu l'épingle en bout de course. Et voilà, rien n'a changé, un gros coup de frein et une belle trace de pneus dans les graviers, j'en viendrais presque a regretter les bons vieux V-Brakes. Ils étaient moins puissants et dès que l'humidité envahissaient les jantes, le pilote frimait beaucoup moins. Rapidement, nous tombons sur l'habituel bouchon qui précède l'un des plus beaux singles du parcours. Autant l'an dernier, nous nous étions régalés, autant cette année la boue et les pierres très glissantes le rendent très délicat a négocier.
- Chef, ne touche surtout pas le frein avant sinon c'est le soleil assuré ...
Mon ami Jeff en fait l'amer expèrience dès le premier raidillon. Nous passons tant bien que mal ce mauvais passage avant de reprendre un peu nos esprits sur les magnifiques plateaux qui surplombent Mons. Encore quelques petits sentiers bien humides à descendre, mais comme d'habitude, mon pilote reprend vite confiance et se joue plus facilement des cailloux et des racines. Une fois encore, nous rencontrons des VTT d'une autre époque, bien mise à mal par un début de parcours très exigeant. Je ne peux m'empêcher de leur glisser, au passage, quelques mots d'encouragements, les pauvres n'ont rien demandé et font certainement là leur dernier voyage. Nous doublerons même, à plusieurs reprises, un Vélo de Trekking Décathlon, Garçon, le vendeur qui t'as recommandé pour une telle virée mérite d'être radié à vie, autant faire le Mont Blanc en Baskets.
Derrière, Gé se fait bousculer par un furieux qui se prend pour Absalon, je prends un malin plaisir à bloquer ce drôle d'oiseau sur toute la partie sinueuse de la descente, un virage coupé, un arbre frôlé, un petit travers ici et là, non! mon coco, t'as viré mon grand frère, tu ne passeras pas par moi.
Le gros portage avant d'arriver à Mons me réserve une première surprise, Thierry le passe tranquillement et sans se plaindre, je n'ose même pas me faire plus lourd que de coutume, impressionné que je suis par le forme physique de mon pilote. J'ai la désagréable impression qu'il m'a fait des infidélités  avec le bouclard un peu hautain qui partage ma remise, je comprends mieux ses silences maintenant. Comment a t'il fait pour changer à tel point mon homme?.
Premier ravitaillement à Mons et première inquiétude pour le petit dernier. Le stress, la peur de ne pas arriver au bout, les passages techniques difficiles et le gros portage ne l'ont pas libéré et ont déjà bien entamé son moral. Il faut espérer que les chemins plus tranquilles qui suivent lui redonneront des couleurs. De toute façon, quoiqu'il arrive, nous ferons le maximum pour l'emmener voir la mer. 
Encore une draille technique et glissante à passer, la dernière de la journée, je suis Jeff à distance et le vois chuter à nouveau, sans gravité mais la gamelle est lourde et certainement douloureuse, le bruit du carbon qui résonne sur les cailloux, j'en ai encore l'alu qui frissonne. Le baromètre mental de notre ami semble être au plus bas et durant les kilomètres qui suivront nous le laisserons ouvrir la piste, en espérant que les conneries de Gé et les blagues de Dan l'aideront à passer ces instants de solitude.
Le 2ème ravitaillement m'apporte la deuxième surprise de la journée et celle ci est de taille. Thierry sort une bombe d'huile et me lubrifie délicatement les articulations et la chaîne, quel bonheur!.
Je le regarde droit dans les yeux
- aurais tu quelque chose à te faire pardonner?
Il me répond par un petit sourire malicieux, heureux et fier de ce petit moment de tendresse.
Durant les 10 kms d'ascension de la forêt de la colle du Rouët, nous calons notre rythme sur celui de Jeff, il a beau nous demander à maintes reprises de partir devant, que nennie, mon ami nous ferons la route ensemble. Tu ne te débarrasseras de nous comme cela. J'en profite pour faire un brin de causette avec Gé ...
- Canon, j'ai entendu dire que c'était ton dernier Lachens
- Comment çà, j'ai à peine 2 ans et je suis en pleine forme, regarde ma lefty, elle est comme neuve
- Désolé, mais Gé pense te remplacer par un "Spaceinthenight", heureusement pour toi, même son revendeur anglais ne comprend pas ce qu'il veut ...
- ah, un "Specialized",  s'il te plait Méta, fais en sorte que cela reste entre nous, je vous aime bien moi, je n'ai pas envie de vous quitter ...
Le sommet nous annonce que nous avons dépassé la distance symbolique des 50 kms, enfin la moitié du chemin dans les pédales.
L'an dernier, nos boss nous avaient fait exploser les suspensions dans la longue descente qui rejoint le ravitaillement du Château du Rouët. Jugé, à juste titre, dangeureuse par les organisateurs, aujourd'hui nos lascars se la jouent pépère, profitant même du paysage, Qu'est ce qui se passe, c'est le début de vieillesse, la maturité, je m'inquiète, j'aimais bien quand ils descendaient comme des malades, j'ai été fabriqué pour çà.
Là commence la partie moralement la plus longue  de la randonnée, la plaine de Roquebrune, 20 kms de va et viens entre les vignes, les pins, les eucalyptus, les ruisseaux et d'énormes flaques. Par manque d'attention, j'en traverse une que je croyais peu profonde et je m'enfonce violemment jusqu'à mi-roues, pour peu j'envoyais mon fidèle cavalier dans la boue. A l'approche des premiers contreforts du massif des Maurres, Jeff semble reprendre des couleurs, malgré la douleur, la fatigue, les crampes, il sent que l'objectif final arrive et le moral reviens doucement. 
Et Canon-Dan, dans tout çà, il nous fait une journée d'enfer, la déception de l'an dernier est oubliée et les kilomètres qui défilent doucement ne lui enlèvent pas sa joie de rouler. 
16h15, nous arrivons au pied de la dernière difficulté du jour, juste avant que les organisateurs ne ferment le final. Un dernier casdal pour Laurannis et ses Brothers et un petit coup de graisse pour Bibi et la famille Canondale et nous lachons nos dernières forces vers le Col du Bougnon. Les embruns marins commencent à se faire sentir, la mer est là, à quelques tours de roues. Un dernier ravitaillement à une dizaine de kilomêtres de l'arrivée ...
- un Coca, quelques dattes, ça fait du bien Jeff ...
Pour la première fois depuis le départ, Gé et moi le quittons pour nous lancer dans une dernière escarmouche sur les cinq derniers kilomètres du col. Une folle montée dans laquelle les roues se jouent des obstacles, les pignons montent et descendent à la vitesse de l'éclair et le coeur de nos pilotes explose sous la violence de l'effort. 
- Tu vois Méta, je ne suis pas encore bon pour la casse, je ne suis pas sûr qu'un "spaceinthenight" fasse mieux.
- T'inquiète pas grand frère, je crois que ce soir le message sera passé ...
La mer, si belle, si bleue, si attendue est là, devant nos yeux, après 9 heures d'efforts, une dernière descente sur la route et nous toucherons du bout des crampons notre victoire. Pour terminer là ce Lachens 2008, je vais m'effacer discrètement jusqu'à l'année prochaine et laisser le mot de la fin à mon auteur ...
On a parcouru le chemin
On a tenu la distance
On a souffert en silence
Et je te hais de tout mon corps
Mais je t'adore, encore ...
Ca y est, je lui laisse la plume pendant cinq minutes et il nous ressort ses proses mélo- dramatiques, en plus ce n'est même pas de lui, son cas est désespéré, moi je retourne me coucher et compatis de tout coeur pour les longues lectures tristes des mois à venir ....



 

Merci à Gérard, Daniel, Jeff, Yves, à toute l'équipe du Forum VTT83 et à tous les organisateurs et bénévoles de cette magnifique randonnée ....
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